Tandis que la réunion tant attendue de la BCE approche, les opérateurs obligataires commencent à se poser quelques questions : la BCE pourra-t-elle vraiment lancer un QE à l’américaine ? N’attendra-t-elle pas encore un peu pour profiter de l’effet d’annonce pendant quelques mois supplémentaires avant de lancer une opération malgré tout risquée et aux effets finaux inconnus ? Et finalement, n’a-t-on pas déjà anticipé une action majeure de la BCE dans les taux et les spreads ? Le marché obligataire ne devient-il donc pas « cher » quoiqu’il arrive ?
Toutes ces questions se traduisent assez clairement dans des flux de plus en plus faibles (non qu’ils aient été très importants auparavant d’ailleurs…) et dans une semaine de baisse, une fois n’est pas coutume, pour les marchés obligataires européens. L’ensemble des taux de la zone se tendant de 10 à 15 bps, les périphériques en tête, il est à noter en effet que, même en cas d’action de la BCE, celle-ci se ferait au prorata du poids et de la qualité du pays, le rôle de la banque centrale étant seulement d’injecter des liquidités avec pour contrepartie les actifs les plus sûrs et les plus facilement cessibles : avantage majeur donc à l’Allemagne.
Sur le crédit, nous noterons lundi la première déconvenue pour les porteurs de dette hybride, puisque l’Allemand Suedzucker a annoncé qu’il n’excerait probablement pas son premier call en 2015 : si par une « convention » tout à fait étrange, les investisseurs considèrent la plupart du temps que les hybrides seront systématiquement remboursés au premier call , il est capital de garder au contraire à l’esprit qu’il s’agit avant tout d’une option au gré de l’émetteur ; les directions financières étant en général plus au courant de la stratégie de l’entreprise que les investisseurs « finaux », on peut aisément imaginer que si les entreprises émettent des titres perpétuels à calls (et non à puts…), c’est bien pour avoir l’option de ne jamais les rembourser, faisant fi du fameux risque réputationnel (dont il n’existe évidemment aucune formule de calcul) si cher aux analystes ; un coupon est un coupon et quand il baisse il serait dommage de ne pas en profiter. Ce sera apparemment le cas de Suedzucker qui verra son coupon baisser de 5.25% à 3.4% en 2015, grâce à une indexation sur l’Euribor, qui ne risque d’ailleurs pas de remonter de sitôt.
Mardi, nous signalerons les résultats d’Europcar, qui malgré une baisse légère de chiffre d’affaires, est parvenu, grâce à une réduction importante des coûts et à une meilleure gestion de son parc, à améliorer significativement sa marge et à réduire très légèrement sa dette (-1.8% sur un an), le ratio DN/Ebitda passant de 4.8x en mars 2013 à 3.5x. Cette amélioration va dans le sens de l’IPO envisagée en mars (un mandat ayant été confié à Rothschild dans ce sens) mais faudrait-il encore que le climat boursier général conserve son optimisme, ce qui n’est pas acquis.
Mercredi, nous noterons la volonté ferme de deux émetteurs à retrouver au plus vite un rating investment grade :
Enfin, vendredi, chez les souverains, nous mentionnerons l’amélioration de rating de deux périphériques :